Dominique Anglade, chef du PLQ, a récemment usé d’un syntagme aux accents orwelliens tout à fait inspirant en parlant du credencial sanitaire : le passeport liberté. Même le dernier hurluberlu conspirationniste n’aurait pas osé! À l’heure où même les « libéraux » ringardisent les défenseurs de la « libârté », il me semble important de lancer une pierre dans la mare, en espérant ainsi que les coassements désinvoltes muent en cris de révolte.
Car matière à révolte, il y a! Au moment où j’écris ces lignes, les Québécois sont à une semaine de se faire imposer un passeport intérieur, dans un contexte sanitaire où seule l’hystérie semble encore réellement contagieuse. En effet, cette semaine, l’INSPQ recense un décès dû à la COVID-19. Au Québec, nous avons en moyenne 1400 décès par semaine, ce qui signifie que 0,07% des décès hebdomadaires de la province sont dû au virus SARS-CoV-2.
Notre révolte n’est pas dirigée contre les consignes sanitaires, mais plutôt contre les mesures politiques liberticides qui instrumentalisent la pandémie par calcul politicien. Cela est particulièrement apparent lorsque l’on constate le nombre considérable de « vaccinés » militant au sein de la dissidence « anti-pass ». Cela fait déjà un an et demi que nous subissons le joug du triumvirat politique/média/industrie pharmaceutique : les uns cherchant des votes, les autres de l’audimat ou du lectorat et, les derniers, du profit. Il est temps de dire : Ça suffit!
Nous ne pouvons pas attendre, ni après les politiciens, ni après les intellectuels. L’aplaventrisme de « l’intelligentsia » universitaire a abandonné depuis longtemps son rôle de contre-pouvoir au profit d’un confort conformiste, comme l’a si bien dit le professeur en science politique Marc André Bodet récemment dans Le Devoir. En effet, les psychologues et les sociologues vantent le « non-retour à la normal » et les juristes nous expliquent que le droit collectif à la sécurité doit primer sur les libertés individuelles. Les médecins disent même que les « soins intensifs débordent », alors que, toujours selon l’INSPQ, il y a actuellement 30 personnes en soins intensifs à cause de la COVID-19 dans tout le Québec…
Ce qu’on constate surtout, au-delà de ces tergiversations légitimistes, c’est que notre « élite » semble avoir oublié les vertus de la critique, puisqu’ils considèrent qu’obéir aveuglément au pouvoir les targue du velours de la vertu. Or, l’obéissance aveugle ne fait pas d’eux des gens vertueux, mais simplement des êtres obséquieux – c’est très différent!
À l’heure du sans frontiérisme, le passeport intérieur semble plutôt incongru. Mais cela n’est rien à comparer avec le funeste état de crédulité qui règne dans La belle province. Après avoir consenti à perdre leur travail, à cloîtrer grand-mère, à masquer leurs enfants, à rentrer au dortoir à l’heure fixée par leur gouvernement, à sauter Noël, à recevoir une dose, deux doses et bientôt trois, Robert et Ginette accepteront-ils de devoir présenter patte blanche pour avoir le droit (plutôt le privilège) de prendre un café au coin de la rue? Est-ce que vraiment les gens du quotidien consentiront à ce que ce « monstre froid », qu’on nomme État, prenne une bouchée supplémentaire dans leurs libertés fondamentales? Personnellement, je ne pense pas. Je crois que les gens vont se révolter!
Le passeport intérieur n’est pas une mesure sanitaire, c’est un décret politique. Aristote, dans Les politiques, disait déjà que la démocratie tend naturellement à devenir tyrannie, et que cela advient lorsque les décrets remplacent les lois. Lorsque Legault nous dit qu’ouvrir un débat sur le passeport sanitaire serait trop risqué, la population devrait lui faire comprendre qu’en démocratie, intrinsèquement délibérative, le débat est toujours « risqué ». En effet, on risque de ne pas avoir automatiquement un consensus si l’on ouvre un débat. Est-ce trop risqué? Personnellement, je crois que c’est l’absence de débat qui représente le vrai danger.
En absence de débat, c’est la rue qui prendra la parole! L’adage multimillénaire « Divide ut regnes » fonctionnera de moins en moins, car la résistance au passeport intérieur attire autant les vaccinés que les « anti-vax », autant la gauche que la droite, autant les jeunes que les vieux, autant les femmes que les hommes, autant les pauvres que les riches, etc. Alors que les quatre partis politiques au parlement sont tous unanimement pour les mesures liberticides, au nom du saint principe de précaution, ce n’est plus dans les urnes que l’on doit chercher le débat, mais dans la rue!
Lorsqu’il s’agit de questions sanitaires, c’est l’efficacité de la mesure qui compte. Lorsqu’il s’agit de politique, c’est le rapport de force qui importe. Le gouvernement refuse le débat? Imposons-lui notre débat! Boycottons tous les endroits qui exigent le passeport intérieur afin qu’ils rejoignent notre cohorte! Évitons les détails enclins au clivage et concentrons-nous sur l’essentiel : le refus inconditionnel du passeport liberté.