Il fut un temps où l’homme était rare et précieux,
Tel l’or dans la terre et le soleil dans les cieux,
L’homme illuminait les êtres par sa grâce et sa beauté.
Infime devant l’infinité du ciel,
Qu’il contemple d’un air dévot,
Immense scrutant le fond de son âme,
Dévoilant son innocence, véritable prunelle.
On accuse les poètes tragiques d’embellir l’homme,
De l’anoblir en tirant les traits de son honneur,
Or, l’art mimétique n’est guère cause de son objet,
Seuls les immortels, dignes coupables de ce méfait.
De l’ordre cosmique, beauté et sagesse,
En l’âme, en sont les images,
À l’instar de laideur, puérilité et bassesse,
Écho infâme des tréfonds de l’Hadès.
À l’homme, désireux de contempler son reflet,
On donna femme, judicieux forfait.
Celle-ci, à la manière du cristal, sommet du monde minéral,
Tout comme l’if se hisse, cime de la vie végétale,
La femme, quant à elle, couronne le règne animal.
Généreuse, telle la louve éternelle,
Belle comme Vénus la plantureuse,
Douce partenaire, fine rosée matinale,
Posée sur Terre, cadeau fatal,
De tous les maux, elle en fut le fanal.
Sans trêve aucune de convoitise,
Engendrement ininterrompu, véritable hantise,
Subtilité égarée, sublimée en pure quantité,
Homme déprécié, dégénéré,
De l’air libre et hautement distingué,
Sombra, en lambeaux, dans les limbes,
Tourbillon de lourdeur, déclin du genre humain.
Le dernier homme vit le jour,
Rampant au sol tel un vermisseau,
Multipliant sa progéniture prospère,
Seul rempart contre la créance de ses maîtres.
Obnubilé par les petites passions,
De sa félonie, jadis pucelle,
Aujourd’hui, production industrielle,
Le dernier homme se fait légion.